Risque structurel de taux du portefeuille bancaire : quels principes ?

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L’IRRBB désigne le risque – avéré ou prospectif – que présente, pour les fonds propres et les bénéfices d’une banque, l’incidence de fluctuations défavorables des taux d’intérêt afférents aux instruments figurant dans son portefeuille bancaire.
S’il n’est pas géré correctement, un IRRBB excessif peut constituer une menace significative pour l’assise financière ou les bénéfices futurs d’une banque. Les variations de taux d’intérêt peuvent ainsi influer sur la valeur économique fondamentale des actifs, passifs et instruments du hors-bilan, étant donné que la valeur actuelle des flux de trésorerie futurs (et, dans de nombreux cas, les flux eux-mêmes) varie lorsque les taux d’intérêt fluctuent.

Deux possibilités de traitement réglementaire de l’IRRBB

Le risque de taux d’intérêt dans le portefeuille bancaire relève du deuxième pilier du dispositif de Bâle sur les fonds propres (processus de surveillance prudentielle), et a fait l’objet de recommandations du Comité de Bâle dans son document de 2004 intitulé Principles for the management and supervision of interest rate risk. Ces principes exposaient les attentes du Comité en ce qui concerne le recensement, la mesure, le suivi et la maîtrise de l’IRRBB, ainsi que la surveillance prudentielle de ce risque.

Dans la perspective d’une mise à jour, ces principes ont fait l’objet d’une consultation en 2015, à travers laquelle le Comité de Bâle a présenté deux possibilités de traitement réglementaire :

  • Une approche standard fondée sur le pilier I (Exigences minimales de fonds propres)
  • Une approche renforcée fondée sur le pilier II (Surveillance prudentielle, incluant aussi des éléments du pilier III – Discipline de marché)

Une approche fondée sur le pilier 2 convient mieux à la nature hétérogène de l’IRRBB

A l’issue de la consultation, le Comité a pris note des commentaires du secteur bancaire sur la faisabilité de la première approche, en particulier sur les difficultés qu’il y aurait à concevoir une mesure standard de l’IRRBB qui soit suffisamment précise et sensible au risque pour servir de référence à la définition des exigences réglementaires de fonds propres.

Lors de la mise à jour des principes, le comité a conclu qu’une approche fondée sur le deuxième pilier de Bâle convient mieux à la nature hétérogène de l’IRRBB. Cette approche permettrait d’adapter les dispositifs de gestion des risques au business model des banques et elle limiterait les impacts potentiels sur les offres commerciales.

Ainsi, en avril 2016, le Comité a publié la version finale des standards sur le risque de taux dans le portefeuille bancaire.

Trois types de risques d’IRRBB

Toutes les banques doivent connaître l’ensemble des composantes de l’IRRBB, recenser activement leur exposition à ce risque et prendre des mesures appropriées pour le mesurer, le suivre et le maîtriser. Il s’agit de détecter l’IRRBB inhérent aux produits et activités, lesquels feront l’objet de procédures et de contrôles suffisants.

On distingue principalement trois types de risques d’IRRBB :

 

  • Le risque de décalage est lié au calendrier de révision des taux. L’importance de ce risque dépend de la variation de la structure des taux, soit elle est identique sur toute la courbe des rendements par échéance (risque parallèle) ou différente selon les périodes (risque non parallèle)
  • Le risque de base traduit l’incidence des variations relatives des taux pour les instruments qui ont des échéances similaires mais dont la tarification repose sur des indices de taux différents
  • Le risque d’option provient de positions sur des produits dérivés optionnels ou d’éléments optionnels incorporés dans des actifs, des passifs et éventuellement des postes du hors-bilan, qui permettent à la banque ou à ses clients de modifier le niveau et le calendrier de leurs flux de trésorerie. On distingue en outre le risque d’option automatique et le risque d’option comportementale

 

 

Ces trois types d’IRRBB peuvent faire varier le prix (ou la valeur), ou le rendement (ou le coût) des actifs, passifs et postes du hors-bilan, sensibles aux taux d’intérêt, d’une manière ou à un moment, tels que la santé financière de la banque peut s’en ressentir.

« Le risque d’écart de rendement (ou CSRBB) est un risque connexe »

Tandis que les trois types de risques précités sont directement liés à l’IRRBB, le risque d’écart de rendement (ou Credit Spread Risk in the Banking Book – CSRBB) est un risque connexe que les banques doivent également suivre et évaluer dans le cadre de leur stratégie de gestion du risque de taux d’intérêt.

Le CSRBB désigne tout type de risque d’écart de rendement, à l’actif et au passif, associé aux instruments comportant un risque de crédit et qui ne s’explique ni par l’IRRBB ni par le risque attendu de crédit ou de défaillance soudaine.

Enfin, la gestion de l’IRRBB s’accompagne de deux grands défis pour les établissements financiers :

  • La maximisation de la marge nette d’intérêt (MNI) dans un contexte de taux durablement bas
  • L’augmentation des revenus nets de commissions afin de compenser une diminution de la MNI

Les principales évolutions à réaliser par les établissements financiers

Les premières guidelines de l’EBA émise le 22 Mai 2015 visaient à étudier la prise en compte du risque de taux en pilier 1, au même titre que les risques de crédit ou de marché sur la base de modèles standards. Cependant, à la suite des retours des établissements financiers et la mise en exergue de la nature jugée trop hétérogène de leurs modèles internes, la prise en compte du risque de taux a été conservée en pilier 2.

L’EBA a donc publié le 19 Juillet 2018 une nouvelle version de ces guidelines.

 


Les principales évolutions à réaliser se résument ainsi :

  • Afin de renforcer l’homogénéité et la transparence, les établissements communiquent depuis le 30 Juin 2019 leurs métriques d’exposition aux risques de taux, à travers un calcul de la sensibilité de la valeur économique des fonds propres et de la MNI, sur la base de scénarios communs de choc (stress test) ;
  • Le Comité de Bâle définit un cadre standard pour mesurer le risque de taux d’intérêt, et à terme, les superviseurs pourront imposer l’usage de ce cadre, notamment si le système de mesure d’un établissement est jugé insuffisant ;
  • Les superviseurs pourront imposer des « Outlier tests » supplémentaires aux banques dont l’exposition au risque de taux d’intérêt dépasse 15% des fonds propres Tier 1 (contre un seuil à 20 % du total des fonds propres Tier 1 et Tier 2 antérieurement) ;
  • Le risque de spread de crédit (CSRBB) doit également être pris en compte dans la gestion et le suivi de l’IRRBB, même si aucune méthodologie n’est pour l’instant précisée.

© Article rédigé par votre équipe VNCA

 

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